Courriers de réclamations, demande d’explications, de dispenses diverses, de « passe-droit » etc. pourquoi écrire quand on est satisfait ? Pour témoigner, justement. Livré « tel quel », le témoignage d’un parent reconnaissant. Une majorité silencieuse ?
Une nouvelle rentrée à l’école de musique, pardon, au « conservatoire » ! J’ai toujours dit « école de musique », mais il paraît qu’il y a une différence et qu’on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Pour moi, ce que j’en vois, après plusieurs années pendant lesquelles mes pas m’ont conduites de ci de là, d’une école à une autre, c’est que ce n’est pas tellement le nom qu’on lui donne mais ce qui s’y passe qui compte. Et mes enfants n’ont jamais eu plus le sourire le mercredi après-midi qu’en allant au conservatoire. Le conservatoire, une boîte de conserve où tout le monde est bien rangé, sans dépasser, pour que la boîte ferme bien : c’est ce que je pensais.
Mais ça c’était avant ! Avant de savoir, avant de vivre le conservatoire de près. Le conservatoire, ça grouille, ça va dans tous les sens. Surtout à la rentrée, quand tout le monde tâtonne un peu pour trouver sa nouvelle organisation. Quand les parents s’échangent les numéros de téléphone pour organiser le covoiturage, parce que, particulièrement en milieu rural, la solidarité est indispensable pour que nos enfants puissent avoir le sourire le mercredi après-midi.
Et comme les horaires ne correspondent pas toujours, on y passe du temps dans les couloirs et les halls du conservatoire et on voit… : des petits, des grands, des babas-cools, des propres sur eux, des jeunes, des moins jeunes et des sourires ! Sur les murs, des affiches de projets, de spectacles, de concerts. Il y en a tellement souvent qu’on ne peut pas aller les voir tous. Il y a également de la danse, du théâtre, des expos photos. On mélange les genres, on fait des passerelles pour ne pas rester figé dans son domaine, pour favoriser la découverte, les pratiques collectives. Sans parler des journées d’échanges avec les scènes ouvertes aux familles et aux groupes locaux, avec des présentations surprises préparées par les professeurs qui s’amusent au moins autant que les enfants.
Toute à mes pensées en attendant mon fils, au détour d’un couloir, la directrice m’interpelle : «Est-ce que ça va, votre fils, votre fille ? On s’est réunis avec les professeurs, nous pensons adapter son parcours parce qu’on a senti qu’il aurait besoin de… qu’elle préférerait… Est-ce que ça vous dérange qu’on s’intéresse à vos enfants ? »
Ben, ch’sais pas… je n’ai pas l’habitude. A l’école, je veux dire, celle où ils vont tous les jours, là où ils préparent leur avenir, on ne m’a jamais parlé comme ça. Moi je veux bien qu’on s’intéresse à mes enfants le mercredi après-midi ; Merci le conservatoire… Mais attention, à trop s’occuper de nos enfants, individuellement, la boîte de conserve va avoir du mal à fermer, et les gens qui imaginent les élèves des conservatoires bien alignés dans leur boîte risquent de finir par avoir tort. Le conservatoire, à mon sens, c’est plutôt une belle corbeille de fruits qui déborde, dans laquelle chacun mûrit à son rythme… ou à son tempo.
Une maman d’élève