À l’approche d’un début de déconfinement, l’ensemble des acteurs du secteur de l’enseignement artistique (enseignants, équipes de directions, administrations, équipes techniques, parents d’élèves, élèves) traverse une période particulièrement incertaine et anxiogène.
Ce qui a fait l’ouverture, la richesse, la diversité de nos établissements depuis plusieurs années pourrait se voir mis à mal en quelques semaines. Essayons collectivement de préserver dans ce moment si particulier les valeurs que nous portons, tout en adoptant des mesures appropriées au fur et à mesure de l’évolution de cette crise d’abord sanitaire mais aussi sociale.
Nos activités ont été bouleversées par ce contexte tout en apparaissant plus que jamais essentielles à ce qu’est notre condition humaine. Depuis plusieurs semaines, l’engagement collectif de l’ensemble des acteurs a permis le déploiement d’une offre pédagogique et artistique à distance. Cette dernière, aussi riche et foisonnante soit-elle, ne peut malheureusement garantir une équité d’accès à tous.
À l’heure où la communication gouvernementale montre ses limites à prendre en compte les diversités territoriales, et quelle que soit la temporalité choisie pour amorcer une reprise d’activités “présentielles”, Conservatoires de France souhaite réaffirmer la part que peuvent prendre les établissements d’enseignement artistiques au sein de leur collectivité.
Notre association propose dans un premier temps de privilégier une offre en direction des publics les plus fragilisés par leur situation personnelle pendant le confinement, que ce soit des enfants inscrits dans des dispositifs à caractère social, des usagers ne disposant pas des moyens numériques nécessaires, ou des élèves en voie de professionnalisation sans moyens personnels pour poursuivre leur pratique à domicile.
Dans le cas où l’activité doit être réduite aux priorités, tout ce qui a bien fonctionné à distance pourra être maintenu au maximum car une reprise d’activité en « présentiel » n’est pas sans soulever de nombreuses questions. Entre les mesures barrières à adopter pour protéger les personnels et les élèves, la configuration des bâtiments à étudier, la nature de chaque pratique artistique à analyser pour mettre en œuvre des contextes qui nous semblent adaptés, de nombreux établissements feront le choix de ne pas relancer une grande partie de leur activité.
Conservatoires de France n’est pas habilité ni légitime à délivrer un avis scientifique sur le bien fondé d’une reprise et des conditions à appliquer collectivement pour garantir des conditions sanitaires sécurisées, et sur ce sujet nous ne pouvons que regretter l’absence, jusqu’à ce jour, de communication des services de l’État concernant nos établissements.
Suivant le territoire, le type d’établissement, son fonctionnement, il n’y aura pas une seule réponse mais de nombreuses mesures à mettre en œuvre, quand elles seront possibles.
Dès à présent, il nous faut réfléchir à plus long terme sur “l’après”, sur les perspectives de reprise d’activités pour l’année scolaire prochaine, et étudier en quoi la crise que nous traversons actuellement amènera des modifications dans nos fonctionnements et nos pratiques.
CdF sera force de propositions, dans les prochains jours et prochaines semaines, pour accompagner la profession sur ce chemin ardu. Nous souhaitons ainsi poursuivre et amplifier notre action collective qui permet, grâce aux apports de chacun, la construction de réponses intelligentes aux défis qui nous attendent après l’été.