Listes d’attente : une fatalité ?

Culture métier

Chaque année, de nombreux établissements se trouvent confrontés à la question épineuse de la constitution de listes d’attente. Comment concilier mission de service public, égalité d’accès et nombre trop important de demandes variées, parfois très précises et souvent concentrées sur quelques instruments ciblés ?

Certains conservatoires ont tenté de répondre à cette problématique de rentrée en diversifiant les modes d’accès à une première pratique instrumentale ; ateliers découverte, cours collectifs ou classes orchestres par exemple.

Certes, la mise en place de ces nouveaux dispositifs permet à la fois de régler des difficultés d’accès rencontrées lors d’une première inscription et de résorber tout ou partie des listes d’attentes, source à la fois d’espoir et de frustration, mais, ne fait-elle pas que retarder l’accès à une formation instrumentale, en faisant patienter les élèves jusqu’à ce qu’une place se libère ?

Dans certains cas, ces nouveaux parcours peuvent même avoir un effet amplificateur au problème d’engorgement de classes très demandées en reportant de quelques années la question de l’accès à une formation instrumentale traditionnelle.

Par ailleurs, si ces dispositifs facilitent dans un premier temps l’accueil d’un nombre plus élevé d’élèves, comment s’assurer qu’ils permettent un recrutement sociologiquement plus large ? Quelles démarches sont ensuite mises en œuvre pour accompagner ces « nouveaux » élèves vers une pratique autonome ?

Dans un contexte où l’argent public se raréfie, où la demande d’accès à une pratique artistique reste très forte et où les collectivités s’interrogent sur le rôle et les missions de leur conservatoire (et donc sur leurs modalités d’accès), sans doute est-il temps de repenser globalement les cursus de formation.

Rappelons que, dans beaucoup d’établissements, une déperdition très importante d’effectifs est enregistrée entre les deux premiers cycles. Ce constat renforce la nécessité de repenser les modes d’accompagnement et d’orientation des élèves, et de renouveler les méthodes d’apprentissage des conservatoires.

Dans ce cadre, on pourrait distinguer trois grands types de parcours :

  • Une sensibilisation à des pratiques artistiques ;
  • Une formation visant à une pratique autonome ;
  • Un parcours contenant des objectifs professionnalisant.

Ces parcours (successifs, croisés, reliés..), aux objectifs distincts, impliqueraient l’élaboration de contenus et d’approches différenciés ne pouvant se limiter à un aménagement du modèle existant.

Les freins à ce changement proviendraient à n’en point douter de certains enseignants et directeurs (qui, inconsciemment, cherchent à reproduire un schéma dans lequel ils se sont épanouis et qui leur a été très favorable) et de familles qui voient dans le modèle traditionnel du conservatoire un refuge pour des valeurs morales, éducatives et sociales auxquelles elles restent profondément attachées.