Au lendemain de la publication d’un nouveau décret permettant une ouverture plus large des établissements d’enseignement artistique, après une semaine de cacophonie au sommet de l’Etat, Conservatoires de France souhaite exprimer son incompréhension et sa colère.
Depuis le début de la crise, chacun a créé des dispositifs permettant une continuité de nos missions et notre premier combat collectif a consisté à exister dans les décisions relatives au secteur culturel ou à l’éducation. Car si la mission de service public de l’enseignement artistique est portée par les collectivités locales et le tissu associatif, c’est bien l’État qui en définit le périmètre. Mais force est de constater qu’il n’a pas intégré ce champ des politiques culturelles dans son processus de réflexion et de décision. Les tâtonnements, les approximations, les revirements de situations ou les comparaisons avec d’autres secteurs n’en sont qu’une illustration criante.
Nous sommes, au choix, réduits à notre catégorie ERP, à nos dispositifs menés en partenariat avec l’Éducation Nationale, à notre lien avec l’Enseignement Supérieur ou assimilés à des activités sportives d’intérieur…
Les établissements d’enseignements artistiques doivent être considérés pour ce qu’ils sont, pour l’ensemble de leurs publics et de leurs missions.
Pourtant, depuis le début de la crise, et souvent à l’initiative de Conservatoires de France, un dialogue régulier et constructif a pu être mené avec les services du Ministère de la Culture. Le problème est ailleurs, dans un processus de décision qui ne tient pas compte de l’expertise des services et se concentre entre quelques mains. Ceci doit changer. Il faut savoir entendre les propositions des professionnels et redonner de l’autonomie aux échelons locaux afin d’adapter les décisions aux réalités de chaque territoire.
La crise va durer, nous le savons. Il est donc indispensable d’élaborer dès aujourd’hui un nouveau protocole permettant un accueil équitable des publics compatible avec une limitation des flux, voire un semi-confinement. Les modalités d’accueil partiel définies début novembre, si elles étaient acceptables sur une courte période de temps, ne peuvent se justifier sur le temps long et encore moins constituer une nouvelle norme.
Depuis le début de la crise, établissements publics, associations, orchestres amateurs, chorales, ont fait preuve de responsabilité face à un protocole strict et ont démontré leur capacité à réguler les activités en fonction des contraintes locales. La stigmatisation de certaines pratiques comme l’art lyrique ou la danse ne font que renforcer cette méconnaissance de ces protocoles et actions mises en œuvre sur le terrain.
Notre inquiétude quant à l’impact à court terme de la crise est croissante. Il en va de la pérennité de nos structures et de la survie de tout un secteur professionnel. La baisse du nombre d’inscrits dans nombre d’établissements, la précarisation des emplois, les statuts inadaptés aux missions conduisent à une fragilisation de l’ensemble du secteur, aujourd’hui accentuée par les décisions chaotiques dont nous sommes tributaires.
La colère et l’incompréhension de l’ensemble des acteurs est donc grande. Nous souhaitons un nouveau cadre de discussion et de décision pour affronter, sur un temps long, la crise que nous vivons.
L’État est attendu pour soutenir notre secteur, le considérer pour ce qu’il est.
Nous refusons d’être un angle mort des politiques culturelles.
Le 16 décembre 2020, le CA de Conservatoires de France