Nouvelle Cité des Arts de Besançon : quelle aventure !

Territoires

Quelle aventure ! Quitter la Place de la Révolution ? Ce grenier à grains historique construit début 18ème, siège de l’Ecole de Musique depuis 1860 ! Cruel dilemme de l’année 2000. Toutes les hypothèses ont été étudiées afin de ne pas abandonner ce bâtiment : conservatoire multi sites, antennes, maison des musiques anciennes, de la danse… réaménagement des combles, la situation n’était pas là ni dans l’aménagement d’un lieu existant (édifices militaires libérés par exemple). Nous étions dans une réflexion passionnante qui a imposé à l’ensemble du personnel une interrogation sur son identité et son devenir. Progressivement, nous avons pris conscience que les blocages et contraintes (voûtes de l’édifice) ne pouvaient plus être contournés, la Place de la Révolution devait être abandonnée.

Seconde étape tout aussi passionnante : le choix du site et l’orientation que cette décision imposait au projet d’établissement. Quels liens devaient être développés avec les différentes structures culturelles bisontines (Théâtre, scènes nationales, Scène des Musiques Actuelles, Musées, Institut Supérieur des Beaux-Arts)? Parallèlement, le CRR était transféré de la Ville à l’Agglomération en 2006 et, sous l’impulsion de Raymond FORNI Président du Conseil Régional, le site était trouvé, commun avec le Fonds Régional d’Art Contemporain (seul exemple en France) face à la SMAC alors en travaux.

Dès lors notre pensée a été codifiée par un cabinet de programmistes et soumis ensuite à un dernier carré d’architectes. Sous le crayon de Kengo KUMA nous avons alors découvert « notre » nouveau conservatoire d’une manière virtuelle. Cependant personnellement j’ai préféré prendre du recul par rapport aux premiers mois de travaux malgré les visites de chantier. Combien d’échanges avec Marie-Claude SEGARD qui avait avant moi vécu cette aventure ! J’avais certainement besoin de faire une pause après ces longues années de préparation ou envie de redécouvrir ce projet le moment venu.

Printemps 2012, le gros œuvre est achevé, le bâtiment n’est encore qu’une coquille vide. Nous prenons conscience que la Cité des Arts, imaginaire auparavant, était une réalité. Le « deuil » de la Place de la Révolution s’était opéré, incroyable découverte de ce nouvel espace et surtout, accélération des évènements en vue du déménagement prévu pour les vacances de Noël 2012. Journée inoubliable avec le repas pris en commun par l’ensemble du personnel dans le hall du « Grenier à grains » au milieu des cartons et des derniers préparatifs. En fin d’après-midi progressivement, les enseignants partent en vacances, une équipe réduite encadrera le déménagement, conseil a été donné de libérer les lieux anciens et futurs. Magie ou tour de force, en dix jours tout est réinstallé, le matériel neuf est livré (tables, bureaux, pianos…). Avec respect, voire précaution, sentiment que nous n’avions pas imaginé, l’administration prend possession des lieux. Deux journées de formation, de visites et de mise en place, les premiers cours seront donnés le 7 janvier 2013. Sensation curieuse que celle d’habiter et de faire vivre ce lieu jusqu’alors muet. Un professeur s’exprime prenant conscience de cette rupture avec le passé « quelle responsabilité car c’est à nous désormais d’écrire cette nouvelle page ». D’autres « c’est Noël, que de matériel neuf », « quel vertige ».

Les semaines qui suivront seront consacrées à l’installation définitive, à la découverte des espaces et à la mise en service du bâtiment (chacun avait choisi sa salle sur plan). Les Elus avaient décidé qu’aucune manifestation publique ne devait se dérouler avant l’inauguration et le week-end des 6 et 7 avril « Portes Ouvertes ». Un véritable raz de marée ! 10 000 visiteurs se presseront à la découverte de la Cité des Arts. L’année scolaire se terminera portée par ce tourbillon, expérience unique dans une carrière.

Aujourd’hui le calme est revenu, ce début d’année se déroule comme s’il ne s’était rien passé, la page commence à s’écrire, tout naturellement. Au-delà de ces impressions fortes que j’ai pu ressentir, impossible pour moi de décrire en détail ce bâtiment que je vous conseille de visiter. Je vous y accueillerai et vous guiderai avec plaisir. Un mot peut être ?… Sérénité.