Réforme des conservatoires – Communiqué

Regard

Le 13 février 2019,  Sylviane TARSOT-GILLERY, directrice générale de la création artistique du ministère de la Culture, intervenait à  la commission culture du Sénat. Elle y annonçait la prochaine expérimentation -sur quelques territoires- de nouveaux critères de  « certification » par l’État pour les conservatoires. Quelques semaines plus tard, elle confirmait cette intention dans un entretien à La Lettre du Musicien.
A cette étape du processus de ce que l’on a coutume d’appeler, “la réforme des conservatoires”,
Conservatoires de France, association professionnelle regroupant des directeurs d’établissements d’enseignement artistique, souhaite faire état publiquement de son positionnement sur le dossier.

 

Depuis maintenant trois ans, notre association a rédigé et communiqué des propositions et participé à différents temps de concertation organisés par la DGCA, pouvant ainsi exprimer ses positions.

Lors de l’élaboration et de l’écriture de la loi LCAP, nous avions alerté plusieurs fois le ministère de la Culture du danger de penser l’enseignement préparatoire à l’enseignement supérieur (les “classes prépa”) dans un autre cadre que celui, ayant fait ses preuves, menant aux diplômes DEM, DEC, DET ou DNOP.

Nous n’avons pas été entendus et le regrettons.

Aujourd’hui, sur ce sujet nous constatons :

●  l’absence  d’implication de la très grande majorité des régions dans l’application de la loi,

●  la fragilisation des réseaux d’établissements organisant ensemble des cycles menant au DEM/C/T,

●  un flou persistant sur le positionnement de l’enseignement préparatoire, qui dans la loi remplace le CEPI mais se place, dans les projets de mise en œuvre ici ou là, soit comme une équivalence au cycle actuel, soit comme un étage supplémentaire à la fusée.

En 2018, nous avons été conviés à deux réunions, de trois heures chacune, pour travailler sur ce que seraient les nouveaux critères de labellisation de nos établissements et le nouveau Schéma national d’orientation pédagogique.

Lors de ces séances nous avons fait part des points d’attention suivants :

●  Notre souhait de travailler d’abord le nouveau Schéma national d’orientation pédagogique (SNOP) avant les critères de classement. Ce ne sera pas le cas,  la définition des critères va  donc cadrer la réflexion pédagogique future sur le SNOP.

●  Notre souhait de favoriser une labellisation des réseaux d’établissements et de prendre en compte l’ensemble de l’offre sur un territoire donné pour jauger la pertinence de celle du conservatoire.

●  Notre souhait d’une réflexion commune aux trois spécialités, musique danse et théâtre pour travailler des objectifs similaires.

●  Notre vigilance quant à la pérennité du cadre d’emploi des PEA, enseignants ressources indispensables au développement des projets d’établissement.

●  Notre opposition à une labellisation ou un classement sans limite dans le temps et notre extrême attention concernant les modalités d’évaluation des établissements  par les services de l’État.

●  Notre souhait de voir le diplôme national, prévu dans la loi LCAP, prendre la place des actuels DEM/C/T ou DNOP et notre ferme opposition à la création d’un “diplôme national de pratique amateur”.

Sur la base de textes de travail, nous avons pu dire nos accords, désaccords et questionnements.

A l’issue de la deuxième séance, en octobre 2018, il nous a été demandé de ne pas diffuser ces textes de travail, ceux-ci n’étant qu’une ébauche à discuter et consolider lors de temps futurs de concertation.

Aujourd’hui, nous ne pouvons donc pas nous contenter de cette seule annonce d’expérimentation. Nous demandons une reprise du travail collectif sur l’ensemble des sujets de fond concernés par la “réforme”.

Si  Conservatoires de France pense nécessaire l’évolution des textes qui certifient et orientent nos activités, les enjeux sont trop importants pour ne pas dire ici notre perplexité et notre inquiétude face à ce qui nous apparaît comme un grand “flou artistique”.

Pour le conseil d’administration de Conservatoires de France,
Maxime Leschiera, président
25 mars 2019