Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit (Antoine de Saint-Exupéry)
Le conservatoire est un lieu de rencontres culturelles, artistiques et humaines, un lieu de partage, de découverte et d’apprentissage. Par les échanges instaurés avec le public, les liens créés avec les partenaires institutionnels, son implantation participe au dynamisme et à la valorisation d’un territoire, acteur également de sa cohésion sociale. La sensibilisation de tous à la singularité de chacun par son histoire et sa culture est essentielle pour nous permettre de faire un pas vers l’autre et pour lever les craintes que nous avons de l’inconnu.
Changer de regard sur l’autre, sur soi-même et sur certaines situations vécues (accueil, action culturelle, enseignement…) permet sans doute de faire évoluer nos pratiques professionnelles mais aussi de repenser de façon plus globale le conservatoire ainsi que les interactions entre les usagers (solidarité, parrainage entre élèves, conseil et soutien aux familles, accompagnement durant les pratiques collectives…).
Avec la volonté de vivre tous ensemble, la différence ne peut plus être synonyme de catégorisation.
Il faut pouvoir considérer le public comme une entité plurielle plutôt que comme la juxtaposition de groupes normés.
Inclusion plutôt qu’intégration
L’intégration est un processus qui désigne l’insertion d’un groupe d’individus dans la collectivité. Les individus de ce groupe doivent s’adapter aux systèmes existants.
Dans une société inclusive, il n’existe pas de groupe de personnes avec des caractéristiques classées, tous les citoyens présentent des besoins communs et individuels.
Dans cette vision humaniste, l’égalité des chances et le respect de la différence deviennent réels, la diversité devient la norme et chacun trouve sa place. L’inclusion représente ainsi la capacité de la société à se préparer à accueillir tous les individus dans les systèmes qu’elle a créés. Chacun peut alors exprimer sa personnalité, ses talents, ses idées, son énergie pour apporter le meilleur de lui-même au projet commun.
Par transposition, à l’échelle des établissements d’enseignement artistique, être en capacité d’accueillir un public pluriel, de transmettre et de partager des savoirs de façon réciproque, d’inclure progressivement les personnes aux besoins particuliers dans les pratiques -notamment collectives- proposées par l’établissement, avec de l’ajustement, constitue une direction en faveur de la démarche d’inclusion.
La diversité, une richesse de l’enseignement artistique
Au cœur du métier d’enseignant, la multiplicité des situations est une source d’inspiration et d’innovation intarissable. Enseigner, c’est avant tout créer de l’interaction avec l’autre et entre les autres, trouver des moyens de transmettre des savoirs, des compétences et de permettre à l’élève d’être acteur de son apprentissage.
En écho à la pédagogie différenciée, s’adapter et ajuster nos pratiques d’enseignement pour les élèves présentant des besoins particuliers constitue une posture ambitieuse : celle de permettre la réussite et l’épanouissement de chacun. Au sein d’un environnement dominé par le conformisme, cette créativité partagée fait émerger la richesse de la diversité.
En outre, la concertation et les échanges entre enseignants, au sein de l’établissement mais aussi avec l’ensemble des partenaires extérieurs, permet de constituer une sorte de « coopérative pédagogique » dans laquelle chacun peut puiser des idées et surtout ne plus se sentir seul, démuni face à une situation imprévue. En d’autres termes, il s’agit de développer individuellement et collectivement la créativité pédagogique plutôt qu’imposer la normalisation.
Différence, norme, inclusion, public pluriel, innovation pédagogique, etc. autant de sujets qui nourrissent la réflexion et l’innovation pédagogiques et qui, au sein des établissements d’enseignement artistique, nous enrichissent tous.
Benjamin Huyghe
Professeur d’enseignement artistique
Conservatoire municipal du XXe arrondissement de Paris